Entre autres leçons et sinistres, la crise sanitaire aura fait une démonstration flagrante de certains faux-pas inhérents à la pensée humaine, lorsqu’elle est confrontée aux difficultés et émotions.
Certes, au sortir de cette pandémie, on peut rêver ou redouter le nouveau monde d’après. Mais laissons des considérations aux couvertures des magazines. Et laissons nos systèmes de santé tirer parti de cette semonce.
Pour notre part, relevons ces dérapages et faux pas de la pensée, celle des responsables politiques largement commentée, mais celle de chacun d’entre nous guettés et piégés au quotidien par ces loupés de raisonnement.
Preuve et illustration à l’appui, qu’il nous suffise ici d’en dénoncer quelques-uns :
- « Le recours rassurant au déjà vu » : un réflexe de protection contre l’inconnu qui cherche à assimiler l’étrange en le ramenant à nos catégories mentales préexistantes. Rappelons-nous, ce coronavirus, c’était selon une « gripette » ou une « grippe cognée », on connaissait, donc on savait faire !
- « Les moyens justifient la fin » : un autre tour de passe-passe qui nous fait mettre la charrue avant les bœufs, où la logique fait passer les moyens avant la fin, où l’état des moyens conditionnent et déterminent le jugement. Rappelons-nous : les masques n’étaient pas utiles… parce qu’on n’en avait pas assez !
- « Mesurer, c’est maîtriser » : c’est le piège et bévue du dénombrement qui nous fait croire que l’évaluation et l’évolution chiffrée d’un phénomène nous permet de le com-prendre, de le ceinturer. C’est oublier que les indicateurs sont tellement multiples pour cerner la réalité. Rappelons-nous : les statistiques du soir, oubliant les décès en EHPAD, ou impuissantes à retenir le critère pertinent de la diffusion du virus.
- « Informer , c’est communiquer » : voilà peut-être le biais récurent de la crise. On nous a abreuvés d’informations en continu, de points de vue médico-politiques aussi divers que contradictoires, de bilans pandémiques sur toute la planète. Rappelons-nous les émissions et plateaux d’experts nous plongeant dans plus de confusion et d’expectative…
Restons à ces quatre faux pas de la pensée, tragique lorsqu’il infiltre la pensée politique, mais à une autre échelle tout aussi pernicieux car ils contaminent nos façons de penser de tous les jours, nos relations quotidiennes, nos projets…
Puissions-nous, non les éradiquer, mais y être vigilant !
André LOMBARDET, IRDESS